Carlos Tavares, une réflexion sur les voitures électriques

Alors qu’à l'horizon 2020 bons nombres de constructeurs veulent électrifier leur gamme et que le prix à la pompe ne cesse d'augmenter... Passer à l'électrique devient une vraie question au sein des foyers et même si peu on fait le pas, il n'est désormais plus rare de voir des voitures électriques sillonner nos routes. Silencieuses, sans rejet apparent de CO2, une bonne accélération et une autonomie de plus en plus compétitive, ces voitures électriques sont au premier abord une alternative écologique au diesel... mais la voiture électrique est loin d’être aussi écologique que ce qu'elle nous laisse entrevoir. Le patron de PSA, Carlos Tavares met en garde sur l'électro mobilité.

Extrait du discours de Carlos Tavares :

"Le monde est fou. Le fait que les autorités nous ordonnent d'aller dans une direction technologique, celle du véhicule électrique, est un gros tournant. Je ne voudrais pas que dans 30 ans on découvre quelque chose qui n'est pas aussi beau que ça en a l'air, sur le recyclage des batteries, l'utilisation des matières rares de la planète, sur les émissions électromagnétiques de la batterie en situation de recharge?  Comment est-ce que nous allons produire plus d’énergie électrique propre ? Comment faire pour que l’empreinte carbone de fabrication d’une batterie du véhicule électrique ne soit pas un désastre écologique ? Comment faire en sorte que le recyclage d’une batterie ne soit pas un désastre écologique ?  Comment trouver suffisamment de matière première rare pour faire les cellules et les chimies des batteries dans la durée ?  Qui traite la question de la mobilité propre dans sa globalité ? Qui aujourd’hui est en train de se poser la question de manière suffisamment large d’un point de vue sociétal pour tenir compte de l’ensemble de ces paramètres ?  Je m'inquiète en tant que citoyen, parce qu'en tant que constructeur automobile, je ne suis pas audible. Toute cette agitation, tout ce chaos, va se retourner contre nous parce que nous aurons pris de mauvaises décisions dans des contextes émotionnels."

En effet, M. Tavares souligne des questions existentielles, comme la fabrication des batteries ou la production d’électricité. Pour autant le patron de PSA ne ferme pas la porte aux voitures électriques. En effet, désireux d'électrifier 80% de son parc automobile d'ici 2022, Carlos Tavares voit loin et avec la métaphore du tribunal, nous fait remarquer que l'histoire se répète et qu'il ne désire pas voir les voitures électriques sur le banc des accusés comme le sont actuellement les voitures thermiques. Nous ne devons pas fermer les yeux, au contraire c'est une nécessité de les ouvrir car aucune solution ne sera trouvée si les problèmes ne sont pas clairement exposés.

La production des voitures et des batteries :

Ne nous y trompons pas, la production de la voiture électrique n'est pas moins polluants que la production de la voiture thermique. En effet le châssis, la carrosserie, les roues, etc. Du moins la majeure partie d'une voiture électrique reste semblable à celle d'une thermique, les changements notoires se font au niveau du moteur et du stockage de l’énergie, sur une thermique pour stocker l’énergie on utilise un réservoir, 50L environ, 700 km d'autonomie (cela dépend bien évidemment des modèles et du type de conduite), pour ce qui est de l’électrique c'est un peu plus compliqué que cela. Deux possibilités s'offrent à vous; vous raccorder à un générateur de tension et donc soit de manière filaire sur le secteur ce qui reviendrait à utiliser le même système que le TGV en électrifiant les voies, la mobilité ne serrait donc ne réduit qu'à certaines portions de routes ce qui est inenvisageable, vous pouvez aussi avoir un générateur d’électricité intégré à la voiture, comme un panneau solaire ou une éolienne sur le toit; c'est aussi tout bonnement envisageable car ces systèmes ont des rendements médiocres, en effet il faudrait les sur dimensionner pour avoir une production suffisante.

Arrêtons maintenant de plaisanter et parlons plus sérieusement, la solution vous la connaissez ce sont les batteries, relativement simples d'utilisation, pouvant délivrer beaucoup d'intensité; mais aussi extrêmement polluantes est coûteuse avec une durée de vie limité. Et c'est là qu'est tout le problème, la production des batteries nécessite des métaux rares, extraits dans des pays du tiers monde, à la main d'oeuvre parfois mineure et exploitée, ravageant des régions entières lors de leurs extractions. Et même une fois produites ces batteries, ne sont pas immortelles avec une durée de vie de quelques dizaines d'années pour certaines, la question du recyclage reste très problématique car leur recyclage est difficile et parfois impossible pour certaines, les composants étant extrêmement polluants, l’enfouissement des déchets soulève beaucoup de débats... Et c'est parfaitement légitime, mais les batteries ne sont pas les seuls sujets à débat des voitures électriques.

La production de l'électricité elle même :

À une époque où la nécessiter de produire de l’énergie proprement de façon durable se fait ressentir, vous n’êtes pas sans savoir qu'actuellement en France l'électricité est produite majoritairement via la fission nucléaire, voici un petit graphique qui montre la part du nucléaire en France en 2017:

On constate que le nucléaire occupe une place très importante. Mais vous êtes vous déjà demandé; si tout le monde remplace sa voiture thermique par une voiture électrique du jour au lendemain, il faudrait produire davantage d'électricité et donc augmenter le nombre de centrales nucléaires ? Quelques chiffres pour nous rendre compte des choses:

Admettons qu'il n'y est plus de pétrole, la part de l’électrique dans l'énergie primaire consommée en France est d'actuellement 18% celle du pétrole et de 39%, la consommation d’électricité passerait donc à 57% de la consommation primaire d'électricité (et on ne compte même pas le gaz), soit on multiplie par trois la consommation électrique française et ainsi on multiplie par trois aussi le nombre de centrale nucléaires. Et pourtant on ne cesse de nous répéter que le nucléaire « c'est mal », « qu'il faut en sortir », mais passer au mode de transport électrique ne ferrait qu'encrer encore plus notre dépendance au nucléaire.

Mais ne nous trompons pas de combat, en effet le but de cet article n'est pas de faire la guerre au nucléaire, mais plutôt de souligner la contradiction de nos médias, écologistes, politiciens et « bien-pensants », qui prônes l’arrêt du nucléaire en France et à la fois une volonté de renouveler le parc automobile français en tout électrique; les deux ne sont pas incompatibles, mais aujourd’hui il est déjà compliqué d'entrevoir un futur sans nucléaire avec la consommation actuelle, et si celle-ci doit tripler à cause de la croissance de l'électro mobilité, c'est techniquement irréalisable.

Les aspects positifs

La voiture électrique n'a néanmoins pas que des défauts, en effet il est vrai qu'en fonctionnement elle ne rejette que peu de CO2, car le nucléaire n'en rejette quasiment pas (la fumée qui sort des centrales n'est pas de la pollution comme beaucoup le croient mais de la vapeur d'eau); ainsi dans les agglomérations, l'aire serait plus respirable.

Leur principal défaut était l'autonomie, et les constructeurs y ont beaucoup travaillé, les voitures électriques arrivent à présent à rivaliser avec les thermiques en matière d'autonomie.

Des innovations, comme se servir du moteur comme d'un générateur lors du freinage, permettent de ne pas beaucoup utiliser les freins (qui sont je le rappelle l'une des sources de pollution principale d'une voiture), et en plus de récupérer une partie de l’énergie perdu lors du freinage.Le rendement d'un moteur électrique est lui aussi bien supérieur à un moteur thermique.

Tant d'avantages qui nous feraient presque oublier les inconvénients des batteries, de la production d’électricité et surtout au prix exorbitant d'une voiture électrique.

En effet, jusqu’à présent si la voiture électrique a pu se montrer quelque peu compétitive par rapport à la voiture thermique, c'est avant tout grâce aux primes gouvernementales et aux aides attribuées aux constructeurs...

Une promotion aveugle du tout électrique :

Si tant de personnes nous vendent le tout électrique comme « le saint Graal », c'est avant tout car il y un intérêt économique derrière tout cela. Beaucoup de choses peuvent être constatées, le fait que beaucoup de constructeurs perçoivent des aides de l’État pour passer à l’électrique, que l’État aide les acheteurs dans l'achat de voitures électriques, l'augmentation significative des prix des carburants, la médiatisation systématique des qualités de l’électrique et des défauts du thermique, etc.Tant de signe qui montre un cap des politiques et médiatiques accès sur une promotion aveugle de la voiture électrique. Mais tout le monde n'est pas dupe beaucoup voit dans la propagande de la voiture électrique une vaste fumisterie...

Le bilan

Le but de cet article n'est pas de condamner ou d'approuver de manière aveugle la voiture électrique, mais au contraire de peser le pour et le contre, en effet la voiture électrique n'est peut être pas la solution parfaite mais elle présente des qualités et des défauts, la présenter comme une aberration ou par opposition la solution-miracle ne serait pas objective. Le discours de Carlos Tavares le souligne très bien, les enjeux sont de taille, il faut cerner les problèmes de manière constructive pour ne pas se fustiger après et encore mieux résoudre ces problèmes pour améliorer la voiture électrique dans une démarche plus responsable !

Beaucoup d'alternatives tout aussi cohérentes que les autres sont proposées, comme la voiture à hydrogène, il faudra maintenant non plus voir en théorie mais dans les faits ce que valent réellement ces techniques, prometteuses sur le papier ! À vous maintenant de vous forger votre propre opinion !

Un article signé Actu-Motor-Sport !